SAUVETAGE

Après avoir obtenu une Licence de Lettres et avoir étudié au Grand Séminaire de Chamalières, Antonius Delaire est ordonnée prêtre en 1922. En 1923, il devient professeur de Lettres classiques à l’Institution Saint-Pierre (Courpière), établissement confessionnel qu’il dirige en 1937. Grâce à ses fonctions de directeur, il permit le sauvetage d’au moins trois de ses élèves d’origine juive pendant l’Occupation.

En 1942, Antonius Delaire accueille dans son établissement les frères Maurice et Joseph Jonas. Les parents des deux garçons, Myriam et Philippe Jonas, étaient des Juifs polonais originaires de Galicie Orientale. Ils étaient arrivés en France en 1920 et avaient été naturalisés français quelques années plus tard. Au début de la guerre la famille habite Paris, Philippe a un emploi de dessinateur industriel alors que Myriam s’occupe des trois enfants du couple : Maurice (11 ans), Joseph (9 ans) et leur sœur Paulette (7 ans). Face à l’invasion de la France par les Allemands le couple décide de quitter Paris et de partir se réfugier, avec leurs enfants, à Clermont-Ferrand. En novembre 1942 les Allemands font leur entrée dans Clermont. Le couple prend la décision de mettre Maurice et Joseph à l’abri dans un établissement catholique. L’aide apportée par Gabriel Piguet, évêque de Clermont-Ferrand, permet le transfert des deux enfants vers l’Institution Saint-Pierre. Les parents des deux garçons acceptent qu’ils soient cachés dans cet établissement après que l’évêque Gabriel Piguet leur ait promis que leurs fils ne seraient pas baptisés. Maurice et Joseph sont inscrits dans l’établissement sous un faux-nom, Antonius Delaire est au courant de leur véritable identité.

Le troisième élève sauvé par Antonius Delaire est Kurt Niedermaier. Né en 1923, Kurt quitte l’Allemagne sans ses parents au début de l’année 1939, il est alors âgé de 15 ans. Il parvient à atteindre la France de façon clandestine et est pris en charge à Moissac (Tarn-et-Garonne) par les Eclaireurs Israélites de France (EIF)*. Face à l’augmentation des arrestations de Juifs, la direction des EIF décide en novembre 1942 d’envoyer Kurt à l’Institution Saint-Pierre. Kurt Niedermaier est lui aussi inscrit dans l’établissement sous une fausse identité, il s’appelle désormais Henri Kurtz et devient un réfugié protestant venant de Mulhouse. Antonius Delaire ainsi que l’économe de l’institution, le Père Bastide, sont au courant de sa véritable identité. Kurt reste dans l’établissement jusqu’à l’obtention de son baccalauréat en juin 1944. Il rejoint ensuite la Résistance. Pendant son séjour, le Père Delaire prit soin de ne pas le faire participer aux offices religieux de l’Institution catholique.

Le 30 avril 2007, l’Institut Yad vashel de Jérusalem décerna à Antonius Delaire le titre de Juste parmi les Nations. Kurt Niedermaier qui avait commencé la démarche pour que le Père Delaire soit reconnu Juste, n’en vit pas l’aboutissement car il décéda sept mois avant la cérémonie, en septembre 2006. Un passage de la commune de Courpière porte le nom d’Antonius Delaire, il a été inauguré le 8 juin 2013.

*Voir réseau de sauvetage Eclaireurs Israélites de France