SAUVETAGE

Leonie Deléage et sa fille Eva Philit, toutes deux agricultrices, habitaient aux Tavas à quelques kilomètres du Chambon-sur-Lignon. Refusant l’occupation du pays par les Allemands, elles mirent leur ferme à la disposition de l’OSE* (l’Œuvre de Secours aux Enfants). Une des responsables du réseau, Madeleine Dreyfus, confiait aux deux femmes des enfants qu’elles devaient héberger le temps que l’OSE trouve une famille d’accueil. Les enfants arrivaient le plus souvent par le train, Léonie Deléage les attendaient sur le quai de la gare et les ramenait ensuite chez elle. Il arrivait souvent que Léonie reparte de la gare accompagnée de quatre ou cinq enfants. Les deux femmes ne manquaient pas de tendresse pour leurs protégés et s’assuraient toujours que ces derniers mangent à leur faim. Les autorités locales finirent par découvrir leur action mais les deux femmes n’en tinrent pas compte et continuèrent d’accueillir des enfants. Lorsque la gendarmerie française et les Allemands organisèrent une intervention au village, Léonie fut prévenue en avance et parvint à cacher les enfants dans la forêt. Les gendarmes firent plusieurs descentes chez la mère et la fille, à chaque fois les deux femmes donnaient de fausses informations sur les enfants qu’elles hébergeaient. Jamais aucun enfant n’a été arrêté par la gendarmerie. En plus d’héberger des enfants, Léonie Deléage aidait aussi l’OSE à trouver des agriculteurs voulant bien accueillir chez des enfants Juifs. Elle avait aussi un rôle de médiatrice entre les refuges aux Tavas, ou des environs, et l’OSE. Raymonde Fellous (née Herszlikowicz) ainsi que Simon et Jacques Liverant, des enfants sauvés par les deux femmes, témoigneront après-guerre de leur action.

L’Institut Yad Vashem a décerné le 28 mars 1988, le titre de Juste parmi les Nations à Léonie Deléage et à sa fille Eva Philip.

*Voir réseau de sauvetage OSE